En 2012, le code général des impôts (CGI) adopté par l’Etat du Sénégal disposait d’une politique fiscale qui visait à faire de la fiscalité un instrument apte à mobiliser de façon optimale les ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques, à promouvoir la croissance économique et à améliorer l’environnement des affaires. Aujourd’hui, la politique fiscale du Sénégal fait face à de nombreux défis. Selon Mariéme Gnagna Thiam docteur  en finance publique fiscalité, chargée du programme finances publiques à l’ONG  IBP-Sénégal, le paiement de l’impôt est une obligation légale.

Les politiques fiscales sénégalaises manquent d’efficience et d’efficacité. C’est du moins l’avis de docteur Mariéme Gnagna Thiam docteur  en finance publique fiscalité, chargée du programme finances publiques à l’ONG  IBP-Sénégal qui faisait face à la presse, « Cet état de fait se matérialise par une assiette fiscale étroite, des pertes de recettes importantes notamment au niveau du secteur informel et des niches fiscales comme les impôts fonciers, la fiscalité environnementale, etc. De plus, il est à noter que le droit commun incitatif, particulièrement coûteux pour l’Etat du Sénégal, n’a pas atteint les objectifs économiques et sociaux assignés (Cf. Rapport des dépenses fiscales de l’année 2021, les dépenses fiscales sont évaluées à 952 milliards FCFA). Ainsi, fort de ce constat l’Etat du Sénégal doit prendre des mesures tendant à rationaliser ces dépenses fiscales tout en maintenant les allègements fiscaux destinés aux personnes pauvres et aux groupes vulnérables », a fait savoir Dr Mariéme Gnagna Thiam qui propose des pistes de solution pour la mobilisation des recettes,

« la situation économique du Sénégal telle que présentée par le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération exige de l’Etat du Sénégal des efforts soutenus et efficaces dans la mobilisation des recettes internes pour faire face aux déficits budgétaires qui ont dépassé les plafonds autorisés c’est-à-dire le seuil de 70 % du PIB pour les Etats membres de l’UEMOA. Sous ce registre, la mobilisation des recettes passera par une optimisation des recettes fiscales avec des mesures fortes d’élargissement de l’assiette fiscale et d’amenuisement des pertes de recettes fiscales. Précisément, pour les autorités gouvernementales, il s’agira d’augmenter la pression fiscale en enrôlant des contribuables qui échappaient à l’impôt. A titre illustratif, nous pouvons citer le secteur informel qui a un fort potentiel fiscal, sa fiscalisation pourrait augmenter les recettes de l’Etat. En outre, il y a les impôts fonciers qui sont principalement destinés aux collectivités territoriales. Ils permettraient à ces derniers de fonctionner correctement et de prendre en charge les services sociaux de base qui relèvent de leurs compétences. Par ailleurs, il est à noter que des progrès ont été réalisés avec la fiscalité du secteur numérique, une mesure importante au regard du potentiel fiscal que représentent les activités numériques ».

Au-delà des impôts, elle précise que le Sénégal peut encore s’appuyer sur d’autres  leviers  pour redresser son économie, « outre le levier fiscal, le redressement de l’économie du pays peut se faire sur la base de la politique budgétaire. En effet, l’Etat du Sénégal devra ainsi rationaliser les dépenses publiques afin de réduire le train de vie de l’Etat, reconstituer les marges budgétaires et retrouver sa souveraineté budgétaire. Ainsi, la maîtrise de la masse salariale, la réduction des dépenses de fonctionnement par la rationalisation de certaines structures administratives, le respect des règles de la commande publique, la réduction des subventions accordées par l’Etat par un meilleur ciblage des personnes pauvres et vulnérables sont autant de mesures permettant de réaliser des économies à grande échelle. Toutefois, il ne faut pas omettre les mesures concernant la gestion des deniers publics qui assurément viseront à renforcer la transparence, la lutte contre la corruption, la concussion, le détournement de deniers publics. Aussi, les périodes de crise étant propices à des réformes structurelles, les autorités gouvernementales gagneraient à engager des réformes sur la gouvernance des finances publiques comme l’accessibilité à l’information budgétaire, la rénovation des pouvoirs de contrôle budgétaire du Parlement, la réforme des régimes de responsabilité des agents d’exécution du budget, le développement de mécanisme de participation citoyenne, etc. autant de mesures qui ajoutées à celles existantes permettront d’assurer une gestion des deniers publics », informe Marieme Gnagna Thiam docteur  en finance publique fiscalité, chargée du programme finances publiques à l’ONG  IBP-Sénégal.

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