( Avec Mbagnick DIOUF)

La journée internationale des droits de la femme est célébrée différemment dans le monde. Si certaines sont pour des réjouissances ou festivités, d’autres optent pour des activités de sensibilisation. C’est le cas de l’Association Sénégalaise de Lutte contre la Lèpre et les Maladies Tropicales Négligées (ASLP/MTN) qui a initié une journée de solidarité en faveur des femmes affectées par la lèpre. Le président de l’Association Papa Mamadou Diagne, estime que c’est bien de faire la fête mais on ne doit pas oublier certaine catégorie de la population

« Parmi les femmes, il y en a celles qui sont affectées par la lèpre. Raison pour laquelle, pour marquer cette journée, nous avons organisé une conférence de sensibilisation, en partenariat avec le personnel féminin de la DAHW pour illustrer la problématique  et le calvaire que vivent ces braves dames. »

Ainsi, tous les intervenants sont revenus sur les difficultés que rencontrent ces femmes. Le Pr. Pauline DiousséNgom, dermatologue vénérologue, par ailleurs enseignante à l’UFR santé de Thiès revient sur les difficultés des malades de la lèpre

« Les personnes affectées par la lèpre vivent  avec ces lésions qui sont visibles, des atteintes neurologiques qui entrainent une discrimination et une stigmatisation. C’est un processus tellement long et lent  qu’à la longue les malades sont psychologiquement affaiblis. C’est une maladie qui mérite d’être connue par la population pour que l’on puisse en parler afin de le diagnostic se fasse très tôt et que la prise en charge soit précoce. »

L’enseignante nous renseigne qu’une femme affectée par la lèpre est douloureusement vécue par la famille et par la communauté car c’est elle qui gère le foyer. « Si elle a subit des mutilations, elle sera incapable d’accomplir cette noble mission. »

Ceci peut être considéré comme une forme de discrimination. C’est en ce sens que le président de l’association interpelle les autorités et les partenaires à renforcer les stratégies pour  accompagner davantage les femmes handicapées par la lèpre.

« La santé des femmes ne doit pas être négligée et particulièrement celle affectées par la lèpre et les MTN. Nous devons investir dans des services de santé adaptés, promouvoir la recherche médicale axée sur les besoins spécifiques des femmes et garantir un accès équitable aux soins de santé de qualité.»

Maladie bactérienne qui touche la peau et les nerfs, la lèpre, à une certaine étape de son évolution,  défigure souvent le malade. Ce qui est à l’origine de la stigmatisation dont sont victimes certaines personnes affectées. A cela s’ajoutent les imputations qui rendent difficiles leur existence.

La secrétaire générale  de l’association, Mme Maguette Ndiaye  estime que la journée du 8 mars dédiée aux droits de la femme est une occasion de sensibiliser la communauté pour se faire dépister très tôt.

« Nous ne voulons plus voir les femmes affectées par la lèpre d’être stigmatisées et rejetées même au sein de leur propre famille. La santé est prioritaire. Sans une bonne santé, la personne ne peut rien faire. » dira –t-elle en insistant sur l’importance de la sensibilisation qui doit se faire à plusieurs niveaux notamment des agents de santé des zones reculées pour qu’ils soient plus vigilants sur les signes cliniques de la maladie. Au niveau aussi des malades, de leur famille et de la communauté pour soutenir les malades et mettre un terme à la stigmatisation.

L’adage qui dit « mieux vaut guérir que prévenir » a tout son sens. Seule la prévention à travers le dépistage précoce peut faire éviter certaines complications de la lèpre. C’est en tout cas la proposition de Mahamad Cissé, directeur pays de la DAHW.

« Nous estimons que pour régler la question de façon définitive, il faut que nous arrivions à dépister précocement  toute personne qui présente des signes. Il faut également que tous les malades puissent avoir accès à des soins de qualité et avoir une réinsertion aisée. » Pour M. Cissé, le grand problème de la lèpre c’est le dépistage tardif. Parce que le dépistage tardif occasionne des mutilations et des infirmités.

Le Directeur pays de la DAHW est convaincu qu’aujourd’hui, si le Sénégal veut être proche de l’objectif zéro lèpre en 2030, la stratégie la plus plausible c’est que le diagnostic de la lèpre se fasse de manière qualitative et dans les milieux les plus enclavés.

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