Dix opposants maliens à la junte ont été placés en détention lundi dans la capitale Bamako pour « complot contre les autorités légales et réunion illégale », après avoir appelé à un retour des civils au pouvoir, a appris l’AFP auprès de leurs avocats.

 
Parmi les dix incarcérés figurent des présidents de partis et mouvements politiques signataires d’une déclaration publiée le 31 mars par leur coalition et appelant la junte à rendre le pouvoir aux civils.
 
Ces opposants faisaient partie d’un groupe de 11 arrêtés le 20 juin alors qu’ils se réunissaient à Bamako. Parmi eux, un ancien ministre de la Justice, Mohamed Ali Bathily, a été relâché samedi.
 
Les 10 ont été inculpés par un juge pour « atteinte et complot contre les autorités légales, violation d’un décret présidentiel en tenant une réunion illégale », a dit à l’AFP un de leurs avocats, Hyacinthe Koné. Un autre avocat de la défense, Mamary Diarra, a confirmé ces informations.
 
« Je n’ai pas vu (ces) infractions dans notre code (pénal). C’est le gouvernement qui est plutôt dans l’illégalité », a dit Me Koné.
 
Les 11 opposants ont été interpellés alors qu’ils tenaient une « rencontre privée », avait affirmé leur coalition dans un communiqué, alors que les activités des partis sont interdites par la junte. La coalition avait dénoncé une « énième violation des libertés fondamentales ».
 
Les signataires de la déclaration du 31 mars avaient dénoncé le « vide juridique et institutionnel » laissé après l’expiration du délai prévu pour le départ des militaires, et avaient réclamé la tenue d’une élection présidentielle « dans les meilleurs délais ».
 
Le Mali, confronté au jihadisme et plongé depuis 2012 dans une grave crise multidimensionnelle, est dirigée par des colonels depuis un double putsch en 2020 et 2021. La junte a décrété en juin 2022 que les militaires céderaient le pouvoir aux civils fin mars 2024, après une présidentielle prévue en février de la même année.
 
Les militaires ont depuis annoncé le report de la présidentielle à une date toujours inconnue.
 
Les expressions d’opposition sont devenues exceptionnelles sous la junte, étouffées par les injonctions à l’unité nationale et les mesures répressives.
 
Les colonels ont décrété en 2024 la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités des partis, coupables selon eux de « subversion »

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici