L’insulte, l’injure, les invectives, la calomnie, la diffamation et, parfois même, la violence physique ou symbolique, ont désormais envahi la scène politique sénégalaise. L’atteinte à l’honneur, à la dignité, à l’intégrité physique et morale des individus semble s’être banalisée au point de devenir la norme. Les exemples sont innombrables, mais les rappeler ne servirait qu’à entretenir une violence psychologique déjà trop présente dans le débat public.
Dans un tel climat, il devient illusoire d’espérer l’émergence de politiques publiques ambitieuses et porteuses de progrès. Au contraire, notre manière actuelle de faire de la politique tend à nous faire régresser sur tous les plans — moral, intellectuel et institutionnel.
Il est temps, en tant que Sénégalais, de prendre conscience de ce mal politique profond qui hypothèque l’avenir de notre nation. Cette prise de conscience doit être le point de départ d’une reconstruction collective de notre culture politique fondée sur le respect, la responsabilité et le sens du bien commun.
C’est pourquoi il devient urgent d’engager un dialogue national sur la refondation politique — un espace d’échanges sincères et constructifs où chaque acteur, au-delà des appartenances partisanes, s’engagerait à penser ensemble une nouvelle éthique de l’action publique.
De ce processus pourrait naître une réforme structurelle du multipartisme : un multipartisme rationnalisé, limité à un nombre restreint de partis, définis par un consensus national et reconnus par la Constitution.
Une telle refondation permettrait de donner naissance à des formations politiques véritablement crédibles, dotées de doctrines claires, de visions cohérentes et de programmes réalistes. C’est seulement dans ces conditions que le Sénégal pourra faire à ses citoyens une offre politique à la hauteur des grandes démocraties, où la compétition des idées remplacera la confrontation des personnes.
El Hadji Ayé Boun Malick DIOP
