Par Mbagnick DIOUF

Le Cameroun est le pays où l’ingérence de l’industrie du tabac et la plus importante. C’est l’une des révélations du rapport de l ’Indice sur l’ingérence de l’industrie du tabac en Afrique qui a livré son verdict pour l’année 2023. C’était lors d’une rencontre virtuelle organisée par l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA) en collaboration avec le Centre Africain de Surveillance de l’Industrie du Tabac et de Recherche sur les Politiques et le Centre Mondial pour la Bonne Gouvernance dans le Contrôle du Tabac (GGTC). L’évènement a lieu le 18 Octobre 2023 et a réuni des défenseurs engagés dans la lutte antitabac, des représentants des gouvernements, des médias et d’autres parties prenantes.

 La Zambie, la Tanzanie et le Cameroun sont, selon le rapport, les pays où les ingérences de l’industrie du tabac sont les plus importantes. Parmi ce trio, le Cameroun a enregistré les pires résultats. Par contre, l’Ouganda, l’Éthiopie et le Botswana sont les pays où les ingérences de l’industrie du tabac sont les plus faibles. Quant au Botswana, il a réalisé  la meilleure performance en Afrique. Le mauvais rang qu’occupe le Cameroun est lié à l’absence de texte législatif sur la lutte contre le tabac selon la Secrétaire Exécutive de la Coalition Camerounaise Contre le Tabac, Mme  Judith Chekumo,

« La faible performance du Cameroun dans l’Indice peut être expliquée par l’absence d’une loi antitabac, malgré les efforts pour l’adoption d’une telle loi depuis 2012. Cependant, nous avons réalisé quelques petits progrès notamment, l’adoption d’avertissements sanitaires illustrés, une mesure qui a été partiellement mise en œuvre au cours de la première série d’images et qui n’a jamais progressé en raison des délais accordés à l’industrie du tabac par le gouvernement. »Précise-telle en appelant à une plus grande surveillance de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique et à un soutien pour la mise à jour et l’adoption du projet de loi antitabac au Cameroun.

Participant à cette rencontre en ligne, le Secrétaire Exécutif de la Ligue Sénégalaise Contre le Tabac (LISTAB), déplore quelques problèmes que les acteurs rencontrent notamment le difficile accès à l’information, l’ignorance de certains fonctionnaires aux questions relatives  à l’ingérence de l’industrie du tabac. En plus M. Djibril Wellé s’insurge contre la non application effective de la loi « Le Sénégal ne semble pas avoir une forte volonté politique de faire progresser la lutte antitabac, car plusieurs politiques prévues par la loi ne sont pas mises en œuvre. »

Toutefois, il salue des progrès dans le domaine du suivi et de la traçabilité dans la  lutte contre le commerce illicite des produits du tabac et l’inclusion potentielle de nouveaux produits du tabac dans les taxes sur le tabac dans le pays. Le Secrétaire Exécutif de la Listab souhaite une plus grande collaboration entre les autorités gouvernementales afin d’accélérer l’application effective de la loi antitabac au Sénégal.

Justifiant le succès du Botswana, le Pr. Bontle Mbongwe, Directrice Exécutive du Réseau Anti-Tabac au Botswana a indiqué que la loi antitabac adoptée et bien appliquée depuis 2021 a largement contribué à la bonne performance du Botswana.

Le Pr. Olalekan Ayo-Yusuf, directeur de l’ATIM, se réjouit de l’introduction de taxes d’accise sur les e-cigarettes dans deux pays et exhorte les parties prenantes à rester concentrées sur des points essentiels tels que la capacité de mener des recherches. Par la même occasion, il a félicité les pays africains, dont la plupart ont un taux de tabagisme inférieur à 10 % selon le rapport, ce qui, selon lui, signifie que l’Afrique n’a pas besoin du concept de réduction des risques défendu par l’industrie du tabac.

L’Indice sur l’ingérence de l’industrie du tabac qui s’inspire de l’Article 5.3 de la Convention Cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la Lutte Antitabac (CCLAT de l’OMS) peut être considérer comme un mécanisme qui mesure comment les gouvernements répondent à l’ingérence de l’industrie du tabac et protègent leurs politiques de santé publique des intérêts commerciaux et particuliers de l’industrie du tabac.

En présentant le rapport, son auteure, le Dr Arti Singh a rappelé les sept indicateurs utilisés par l’indice pour mesurer le degré d’ingérence de l’industrie du tabac. Il s’agit, de la participation de l’industrie du tabac à l’élaboration des politiques, les initiatives de l’industrie du tabac en matière de responsabilité sociale des entreprises, les avantages accordés à l’industrie du tabac, les interactions inutiles avec l’industrie du tabac, la transparence dans les relations avec l’industrie du tabac, les conflits d’intérêts de l’industrie du tabac et les mesures préventives prises par les gouvernements pour protéger leurs politiques de santé publique de l’ingérence de l’industrie du tabac.

           

 

 

 

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