Dossier réalisé par Nouvelleactu

Selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2013, les personnes handicapées constituaient 5,9% de la population générale, soit environ 800 000 personnes handicapées. Connues pour leur vulnérabilité, les personnes handicapées rencontrent de nombreux problèmes, dans tous les secteurs de la vie active. Dans le domaine de la santé de la reproductive, les difficultés des femmes handicapées sont multiples.

Dans ce dossier, Nouvelleactu donne la parole à des handicapées handicapées. Elles racontent le calvaire qu’elles vivent dans le domaine de la santé de la reproduction.

Mme Fatou Kiné Diop Handicapée motrice.

 » L’accessibilité des structures de santé est un vrai problème pour nous « 

Dans le domaine de la santé de la reproduction tout n’est pas encore au Sénégal pour les femmes Handicapées. Elles rencontrent pas mal de difficultés.

 » L’accès aux structures de santé est très difficile pour les handicapées motrices. Dans certaines structures sanitaires, les marches escaliers sont élevées. Il y’a des postes de santé ou il faut marcher sur du sable pour y arriver. Ce qui est une difficulté majeure car vous n’êtes pas savoir si nous ne sommes pas en béquilles, nous en fauteuil roulant  » explique Mme Diop.

Mais il n’y a pas que. Elle soulève aussi les problématiques du matériel médical, qui n’est pas souvent adapté à leur type de handicap.  » Les tables de consultation ou d’accouchement sont souvent élevées  » regrette Fatou K. Diop.

Toutefois, la chargée des affaires administratives et financières du comité des femmes de la fédération sénégalaise des associations des personnes handicapées (CF/FSAPH) dit garder de l’espoir.  » Le partenariat entre le Cf/Fsaph et l’Ong International budget partnership (IBP) est très utile pour nous.

Cela nous a permis de faire une enquête dans les structures de santé de Pikine, Guédiawaye et Dakar pour connaître nos vrais problèmes, par rapport à la santé de la reproduction. Nous allons proposer des solutions à ces problèmes, en collaboration avec les collectivités territoriales et le ministère de la santé, à travers les agents de santé  » dit-elle.

Mais elle appelle à une large sensibilisation des populations et des collectivités territoriales car la santé est une des neuf domaines de compétences transférées aux collectivités territoriales.

Mame Diarra Thioub Non voyante.

 » L’accès à la structure de santé, l’accès à la table de consultation, l’accueil, sont des problèmes que rencontrons… »

L’accès à des soins de santé de qualité est un droit pour tout le monde. Mais au Sénégal, si les femmes dites normales rencontrent des difficultés dans le domaine de la santé de la reproduction, mais que dire des femmes aveugles ? Elles ne sont pas reste.

 » La marche des escaliers à l’entrée des structures de santé constitue notre premier handicap. Ensuite, une fois à l’intérieur, monter sur la table de consultation, si nous n’avons pas d’accompagnant, est aussi un vrai casse tête » déplore Mame Diarra Thioub.

 » Pour les femmes aveugles, rencontrer l’infirmier ou la sage femme n’est pas de tout repos. L’accueil laisse vraiment à désirer. Et quand il s’agit d’hospitalisation de la malade, là aussi il y’a beaucoup de difficultés que nous traversons car nous n’avons pas un accompagnant qui nous aide  » a-t-elle relaté.

Mais malgré ces nombreux problèmes que nous venons d’évoquer, l’espoir est permis. L’Ong IBP, partenaire du comité des femmes, aide les femmes handicapées.

« Beaucoup d’activités de formation et de séance de sensibilisation sont déjà faites. Elles visent à trouver des solutions à nos problèmes » se félicite Mame Thioub.

Mariétou Ndaw handicapée sourde.

 » Notre principal problème, c’est la  communication avec les agents de santé « 

Mariétou Ndaw est la présidente des femmes sourdes du département de Dakar.  Ce jour là, nous l’avons rencontrée au siège du comité des femmes Handicapées, à Castors. C’est Abdoul Aziz Dieng qui interprète ses propos.

Selon l’interprète, Mariétou Ndaw souligne que les femmes sourdes rencontrent de réelles difficultés, dans le cadre de la santé de la reproduction.

 » Elle dit que la communication est leur principal handicap. Parfois nous sommes obligées de chercher un interprète pour pouvoir communiquer avec la sage-femme ou l’agent de santé, surtout pour leur expliquer leurs rendez vous médicaux  » a-t-elle dit.

Toutefois elle se réjouit du partenariat entre le comité des femmes Handicapées et l’Ong International budget partnership (IBP), qui participe à la formation des agents de santé en langue des signes.

Moussa Diallo chargé de la santé et du suivi des albinos malades.

 » Le plus souvent, les femmes albinos accouchent par césarienne. Ce qui est…. »

D’après Bamba Diop président des albinos du Sénégal, il environ 10500 albinos dans notre pays. Mais il précise qu’il n’y a pas de recensement depuis 2004 à cause du modèle Washington groupe, qui n’est pas reconnu par les autorités du ministère de la santé.

Les albinos sont une couche de handicapés très vulnérable à cause de la fragilité de leu peau. Ils rencontrent de nombreuses difficultés. Moussa Diallo est le président des albinos du département de Dakar. Il est aussi le chargé de la santé et du suivi des malades (Albinos).

Il raconte.  » Déjà quand une femme albinos est en état de grossesse, elle devient encore plus vulnérable. Comme tous les autres Handicapés, l’accessibilité dans les structures de santé nous pose un réel problème. Pis encore, quand nous nous rendons à l’hôpital, dès que nous rencontrons une sage femme, elle nous demande d’aller voire d’abord un gynécologue. Ce qui pose un problème de formation des agents de santé, qui doivent être capables de recevoir tout type de handicap  » se désole Moussa Diallo.

A l’en croire, les sages femmes ont souvent peur que les albinos a couchent par la voie normale, de craintes qu’il y est des saignements.

 » La plupart, les albinos a couchent par césarienne « . Il dénonce aussi la stigmatisation dont sont victimes les femmes albinos.  » Il arrive aux femmes albinos d’aller à l’hôpital mais avant toute consultation, la sage femme lui demande d’aller se laver d’abord. Ce qui est injuste  » martèle M Diallo.

Thérèse Niane Handicapée motrice

 » Nous demandons la gratuité de la prise en charge des suivis prénataux « 

Pourtant l’État du Sénégal a mis en place la couverture maladie universelle (CMU) pour les couches défavorisées. Mais selon Thérèse Niane Handicapée motrice, les enquêtes que nous avons réalisées avec notre partenaire, l’Ong International budget partnership (IBP) ont montré que les femmes handicapées ont des problèmes d’inaccessibilité aux soins de la santé de la reproduction.

A l’en croire, elles disposent leur carte d’égalité des chances mais elles dénoncent leur inefficacité, par rapport aux avantages que la carte devait leur apportés.

 » C’est pourquoi, nous demandons la gratuité de la prise en charge des suivis prénataux et aussi la prise en charge intégrale de la césarienne. Le coût de la césarienne est de 85 000 FCFA mais toutes les charges ne sont pas prises en compte après accouchement  » soutient-elle.

Cependant elle nourrit encore des espoirs avec le partenaire IBP qui travaille avec le comité des femmes Handicapées afin que des solutions soient apportées par rapport à la césarienne.

Le plaidoyer des femmes handicapées pour une meilleure prise en charge dans la santé de la reproduction.

Le constat est peu reluisant. Les femmes handicapées soulignent qu’elles rencontrent de nombreuses difficultés dans le domaine de la santé de la reproduction.

« Nous invitons les autorités à nous soutenir dans le combat que nous menons pour un accès facile des femmes handicapées motrices dans les structures de santé. Mais une fois à l’intérieur, avoir aussi un accès au matériel médical, surtout les tables de consultation qui sont très élevées » exhorte Fatou Kiné Diop.

Les femmes aveugles ne sont pas en reste. Mame Diarra Thioub plaide pour un soutien conséquent, à tout point de vue, des autorités pour une bonne prise en charge matière de santé de la reproduction.

Quant aux femmes sourdes, la présidente des femmes sourdes de Dakar, Mariétou Ndaw, invite les autorités à former des interprètes qui seront déployés dans les postes de santé pour faciliter la communication entre les femmes sourdes et les agents de santé notamment les sages femmes.

La formation des sages femmes, des médecins sur l’accueil des femmes handicapées constitue l’une des préoccupations des albinos, si l’on se fie à Moussa Diallo, président des albinos de Dakar, qui dit incarner la masculinité positive.

Quant à Thérèse Niane, handicapée motrice, elle appelle les autorités à rendre effectif les filets de protection sociale comme la Cmu « afin que toutes les femmes handicapées puissent en bénéficier et soient prises en charge dans la totalité de la césarienne » a-t-elle plaidé.

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